Ce qui me passionne dans ce sujet (qui fut mon sujet de mémoire) c’est la relation entre la perception de la ménopause dans notre société et, la façon dont elle est « traitée » dans la réalité. Quels ont été les discours relatifs à ce phénomène ? Quelles significations y a-t-il derrière tout cela ?
On a tous entendu des expressions, vu des attitudes qui stigmatisent cette transition chez la femme, en la présentant comme étant dans un "état dégradant", voir de l’ordre de la maladie. Beaucoup de femmes elles-mêmes se voient comme diminuées, et selon certaines expressions « passées du côté des moules cassés » Il n’en est rien : les femmes en préménopause ou ménopausées ne sont pas malades et ne sont pas à mettre au placard sous prétexte d’une diminution physique et mentale.
Je ne vais pas ici relater toute l’Histoire de la ménopause, mais les discours médicaux et médiatiques ont toute leur importance dans la façon dont nous tous, hommes et femmes regardons ce phénomène qui est finalement naturel : le vocabulaire tournant autour du vieillissement, de la fin de quelque chose (la fécondité par exemple), de maladie carentielle, de risques, de « rester femme », de « rester jeune » sont tout autant de thématiques qui diabolisent la ménopause et discréditent la place de la femme ménopausée. Préménopause, ménopause, « je suis en pleine ménopause » en quoi cela consiste ?...
On peut parler de véritable construction sociale de la ménopause. Saviez vous qu’au Japon, le terme même de ménopause n’existe pas ? Ce qui s’en rapprocherait le plus serait le KONENKI : terme qui s’applique aussi bien aux hommes et aux femmes, qui symbolise le vieillissement. Tout simplement. Chez les Néerlandais, pas d’existence ni d’équivalence au terme ménopause : ils parlent d’OVERGANG, qui caractérise le passage d’un point A à un point B. Nous sommes bien loin des multiples discours qui fleurissent en Occident autour de cette modification de notre système féminin. Dans certaines civilisations, comme certaines populations Indiennes, la femme ménopausée prend toute son importance et devient une sorte de cheffe au sein de sa famille, elles assistent aux réunions de la communauté. Elle devient l’éducatrice des jeunes filles de son clan. Il existe des multitudes d’exemples où la femme ménopausée n’est pas stigmatisée une fois la transition enclenchée. Dans certaines tribus d’Afrique, la femme ménopausée est vue comme une femme d’une sagesse incroyable et bénéficie d’une position de femme enviée, voire convoitée par la population masculine. Elles bénéficient d’une aura de sagesse et de grandes connaissances.
Dans les pays occidentaux, la préménopause et la ménopause sont abordées au travers du thème de la maladie et du risque depuis le 19 -ème siècle, période où le terme même de ménopause apparait.
Les effets engendrés par ce changement aux alentours de la cinquantaine, sont bien réels mais ils ne font pas de nous pour autant des femmes malades. Les bouffées de chaleur existent, les fluctuations de règles existent, la dépression et le stress accentué existent, les douleurs articulaires existent, les modifications du microbiote intestinal existent, la sècheresse vaginale existe, les céphalées existent, etc… il n’est pas question de renier leur existence, de désavouer ou minimiser leurs effets. Il faut juste prendre conscience que le discours médical, relayé massivement par le discours médiatique, sont des sources d’angoisses pour toutes les femmes qui sont en approche de la préménopause et de la ménopause.
La femme est dépeinte comme étant très fragile, ayant perdu toute confiance en elle, vulnérable et hyper nerveuse, émotive et démotivée. L’association de la ménopause à toute une batterie de risques ainsi qu’à une inéluctable transformation de son corps (prise de poids, sécheresse de la peau, affaiblissement du périnée…) semble effrayant et épouvantable. Qui ne cèderait pas aux angoisses et aux peurs quand on nous décrit un avenir si plaisant ?
Le discours autour de la ménopause est donc anxiogène. Mais que l’on se rassure, nous ne perdons pas notre féminité comme l’ont suggéré bons nombres d’écrits de médecin dans les années 1980. Nous ne sommes pas « perdues », nous ne sommes pas « finies », nous ne sommes pas à mettre au placard sous prétexte que nous ne pouvons plus enfanter (Car il faut bien réaliser que la femme n’est vue que sous le prisme de sa capacité à enfanter). Nous ne sommes pas ces femmes décrites comme étant folles ou fleurtant avec les images de sorcellerie (regarder la littérature entre le 19eme et 20 eme siècle elle est édifiante) et nous ne sommes surtout pas celle décrite par un gynécologue dans les années 60 aux USA, David REUBEN , qui était un des plus célèbres sur tout le territoire et qui ne percevait la ménopause que comme une maladie, assimilant les femmes à des êtres sans genre : «Quand les œstrogènes disparaissent, la femme tend à devenir comme un homme. L’augmentation de la pilosité faciale, la voix plus grave, l’obésité, l’atrophie de seins et des organes génitaux contribuent à lui donner une apparence masculine. Pas vraiment homme, mais pas non plus femme fonctionnelle, ces individus vivent dans un monde d’intersexe » « ayant épuisé leurs ovaires, elles ont épuisé leur utilité en tant qu’être humain »
Notre corps va certes changer, nous connaitrons à différents stades certaines manifestations de la ménopause avec plus ou moins d’intensité, plus ou moins de fréquences. Mais nous restons des femmes, avec de nouvelles perspectives et de nouveaux atouts.
Certains ouvrages comme La Fabrique de la ménopause de Cécile Charlap , ou Sexe Croyance et Ménopause de Daniel Delanoë, nous démontre le lien étroit entre la construction sociale de la ménopause et les manifestations de celle-ci : globalement les Japonaises ne ressentent pas avec les mêmes intensités et fréquences les symptômes tels que les bouffées de chaleur (leur consommation de soja joue également un rôle), les douleurs articulaires et musculaires, les variations d’humeur etc. … les ressentis sont nettement amoindris. Dites à un enfant qu’il est idiot toute sa vie, et il sera difficile pour lui de ne pas se dévaloriser à l’âge adulte.
Dans les pays occidentaux ( les Etats unis en première ligne) nous avons médicalisé la ménopause en en faisant une maladie carentielle, au même titre par exemple que l’hypothyroïdie. Il y est véhiculé une image de la femme biologiquement inférieure et différente. Le lexique autour de la ménopause est édifiant : déficience, risque, rupture, troubles etc. Je vous livre ici la définition du Robert, faisant référence au climatère, qui définit un changement hormonal chez la femme « Climatérique : « étape de la vie, âge critique, marquant la fin de la période génitale de la femme et un ralentissement de l’activité sexuelle chez l’homme, se dit d’une période qui présente un caractère dangereux » Synonymes de climatérique : dangereux, critique, difficile, périlleux
Et les médias, surtout féminins, n’ont cessé de publier sur des thèmes équivalents, de l’ordre de la rupture, du désordre, de la déficience, du trouble… sommant les femmes à ne pas accepter et à lutter contre la ménopause. Utilisant des injonctions comme s’il s’agissait de vie ou de mort à la lutte contre la préménopause et la ménopause : « pas questions de perdre son capital séduction », « soigner sa ligne », « déceler la rupture de l’équilibre hormonal » « ménopause la maladie des séniors » etc…
Le thème de la ménopause ,par certains côtés, peut provoquer des attitudes de gènes au cours de discussions, ou de malaise quand il est évoqué en dehors du cadre médical ( peu de discussions durant un diner existent autour de ce sujet !). Au mieux, elle pourra être évoquée sous l’angle de la moquerie ou de la plaisanterie.
Mais le plus important est que nous entendons parler de LA ménopause, alors qu’en réalité il faudrait entendre LES ménopauses : à mon sens il existe autant de ménopauses qu’il existe de femmes. Le regard que nous portons sur elle, la façon dont nous l’abordons modifie notre ressenti vis à vis d'elle et de ses "symptômes" ( je n'aime pas trop ce terme ! )
Chacune d’entre nous vivra cette ménopause différemment car la diversité des manifestations est bien réelle : certaines n’auront aucune bouffée de chaleur quand d’autres en auront de très intenses, certaines prendront énormément de poids quand d’autres n’en prendront que très peu, certaines ressentiront des douleurs articulaires et d’autres non, etc. Nous ne pouvons pas uniformiser le discours et les solutions . Chaque femme mérite un accompagnement particulier, une écoute particulière et des solutions totalement adaptées à son organisme.
La question est donc de savoir comment nous abordons cette transition, car oui c’est une transition, une transition ménopausique. Qui dit transition dit que cela s’arrêtera à un moment, quand la ménopause sera installée et que le corps se sera habitué à tous les changements. Les fluctuations hormonales, qui sont la source des différentes manifestations, finissent par se stabiliser.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’acceptation de ces modifications du corps et de l’esprit constitue une première approche.
Porter un regard bienveillant sur cette nouvelle personne que nous devenons nous aide à apprivoiser notre corps au cours des différents changements en lien avec la ménopause. Germaine Greer en 1991 disait « la ménopause est un changement fondamental qui doit être accepté pour ne pas être vécu comme insupportable »
Nous sommes aujourd’hui un peu plus proche de cette vision, des choses ont évolué mais il reste quelques persistances de croyances et de discours diabolisant les femmes préménopauses ou ménopausées. Comment peut-on gérer les changements au mieux ? Comment aborder le plus sereinement possible cette période ?
Cette phase de vie nécessite une approche la plus holistique possible. Une approche qui suivrait la femme dans toute sa globalité. La naturopathie est un outil merveilleux dans ce domaine : une vision globale de la femme, un accompagnement qui prendrait en considération absolument tous les paramètres physiques et psychologiques : corps, mental, esprit. Un accompagnement qui peut être en complément ou non de traitement médical. Car il ne s’agit pas de travailler contre la médecine mais en total partenariat avec.
L’alimentation sera un premier levier pour réduire certains symptômes : l’apport d’Oméga 3 via les oléagineux, des fibres, de bons lipides, de bons glucides, des fruits et légumes, des protéines végétales et/ou animales auront toute leur importance. L’apport si nécessaire de compléments alimentaires pour pallier certains déficits en micronutriments comme le magnésium, le calcium, le zinc, le potassium, le phosphore etc…mais également tout ce qui sera du rétablissement de l’intégrité des microbiotes intestinaux et vaginaux, via les probiotiques, la glutamine etc.…L’activité physique quelle qu’elle soit sera primordiale et sera définie en fonction de votre temps disponible et de ce que vous pouvez et aimez faire. La respiration en pleine conscience, les techniques de relaxation basées sur la respiration ou la méditation, l’apport des Fleurs de Bach, des huiles essentielles, des plantes adaptogénes ( que j’adore particulièrement) etc … seront tout autant de solutions possibles à vous proposer pour vous détendre, faire baisser le niveau des angoisses, trouver (ou retrouver) un sommeil réparateur ( élément essentiel dans la gestion de la ménopause), diminuer et faire disparaitre les bouffées de chaleur et sueurs nocturnes etc.
Je vous propose de vous accompagner sur ce chemin d’acceptation de votre ménopause et de leurs manifestations associées, afin que vous puissiez vous réapproprier votre corps en toute sérénité.
La ménopause constitue surement la fin d’un cycle mais elle est surtout synonyme du début d’un autre qui sera tout autant exaltant que le premier et qui sait peut-être même plus ! L’âge des possibles, des découvertes et du renouveau.
« Contre ceux qui ne voient que des histoires de ménopauses et ceux qui nous veulent ménopausées sans histoires, affirmons l’histoire, jamais interrompue, du cycle féminin, de la naissance à la mort » Daniel Delanoë, Sexe, Croyances et Ménopause